Cet article est publié dans le cadre de l’opération “Unis pour un tourisme alternatif”. Orchestrée par Voyageurs du Net et parrainée par Voyageons-Autrement, ABM, Babel Voyages, EchoWay et Viatao, cette opération vise à promouvoir dans la blogosphère le tourisme alternatif et responsable.
J’écris cet article quelques jours avant la date limite de l’opération… tout en sachant que la date a été repoussée d’un mois ! Je me sens un peu comme à la fac, lorsque je rédigeais mes dossiers la veille pour le lendemain… On ne change pas. Lorsque Kalagan m’a proposé d’écrire un article pour participer à cet opération sur le tourisme alternatif, j’étais plutôt enthousiaste. Puis, je me suis dit qu’il y avait tellement de choses à dire, de pistes à explorer, de questions à se poser, si peu de réponses… Voici donc quelques réflexions personnelles, un peu décousues…
Voyager autrement…
Voyager différemment, en dehors de la masse, c’est quoi ? Après tout, c’est presque un effet de mode que de vouloir voyager hors des sentiers battus (mais pas trop… si on ne veut pas se faire trucider dans certains pays !). Les agences de voyage écoresponsable, de tourisme alternatif ou autre appellation du genre fleurissent un peu partout, faisant appel à notre volonté de bien faire (et notre portefeuille – puisque ce genre de voyage coûte souvent plus cher).
On le sait, le tourisme pollue et abîme notre planète. L’avion, le train, la voiture. Mais aussi tous ces parkings, ces hôtels, ces infrastructures touristiques qui naissent chaque jour. Lorsque j’ai visité Chichén Itzá au Mexique, je me serais presque crue à Disneyland : des cars de touristes par douzaine, un bâtiment d’accueil qui ressemble presque à un hall de gare et des touristes qui grouillent comme des fourmis un peu partout sur le site. Voilà ce qu’on a fait des merveilles du monde : des parcs d’attractions pour curieux : curieux de voir le monde, curieux de découvrir une autre culture, curieux de voir autre chose sans savoir que l’on voit (car il faut l’avouer, la plupart des touristes ne savent même pas ce qu’ils vont voir). C’est un peu triste vous ne trouvez pas ?
Selon Rodolphe Christin, auteur du Manuel de l’antitourisme, la liberté touristique doit demeurer une illusion. Le résultat de tout cela est le pilotage des flux et l’artificialisation des lieux, même si la publicité les passe sous silence, car elle continue, inlassable, à en vanter l’authenticité (p 21).
Partir à l’aventure…
Les Québécois adorent partir dans le “Sud” (autrement dit : le Mexique, Cuba, la République Dominicaine…). – Ceci ne’est qu’un exemple parmi d’autres…- Mais ils adorent aussi partir en tout inclus, ces séjours tous frais payés : avion, hôtel, repas, alcool et où seules les excursions sont en plus. Ainsi sur la côte de la Riviera Maya, les hôtels longent la mer et les touristes se tassent sur la plage, un cocktail à la main. Parce que les gens travaillent comme des fous tout au long de l’année, ils ne font rien en vacances. Cela vous fait rêver ? Moi, non.
Je travaille aussi toute l’année. Mais je suis bien plus excitée de me lever le matin à 5h pour prendre un avion, visiter un lieu inconnu, historique ou pittoresque, que de me lever pour travailler et faire ma routine habituelle. Ce que j’aime dans le voyage, c’est me sentir libre. Changer d’endroit tous les deux trois jours (voire tous les jours).Voir de nouvelles choses tous les jours. Bouger. M’extasier. Être dépaysée. Rêver. Me questionner. À quoi bon partir dans un autre pays si on reste une semaine allonger sur sa serviette de plage à jouer les écrevisses ? Personnellement, je préfère faire cela sur l’Île d’Oléron, cela me coûte moins cher (enfin… quand je vivais en France). Je sais que les Nords Américains partent dans le sud pour se couper de l’hiver. Mais à quoi bon partir dans un autre pays si c’est pour rester entre Québécois, Français ou Américains et ne pas découvrir la culture locale ? (Les boutiques de souvenirs, ça ne compte pas).
Partir loin, partir par ses propres moyens, aller à la rencontre de l’autre, être confronter à une autre culture et se questionner sur la sienne, c’est un peu plus intéressant que des vacances “tout-inclus” non ?
Le voyageur recherche l’autre l’ailleurs “authentique” “inviolé” de ses semblables, comme l’indique la quête de lieux de plus en plus éloignés… Et ses semblables sont partout, lui renvoyant sa propre image, même au bout du monde. Un comble. – Manuel de l’antitourisme (p 29).
Et l’autre dans tout ça…
J’ai étudié 5 ans en ethnologue par désir de découvrir et de comprendre les autres cultures. Étudier une peuple, son comportement, le pourquoi de sa culture. C’est en partie ce qui me pousse à voyager aujourd’hui. Découvrir et comprendre. Pourtant, avec le recul, en me voyant comme une simple touriste face à une autre personne, je ne peux que me poser cette question :
L’autre, l’autochtone, il en pense quoi de tous ces touristes et ces voyageurs qui l’envahissent chaque année ?
En Australie, j’aurai aimé aller à la rencontrer des aborigènes, peuple qui me fascine par sa culture. On m’a vite expliqué que si l’on n’est pas introduit par quelqu’un, c’est presque mission impossible. J’étais déçue. Et en même temps, je me demandais ce qu’ils pouvaient penser de ces gens qui viennent les voir et les observer comme on va dans un zoo. Non parce que, soyons honnêtes, c’est beau de découvrir une culture et de les voir dans leur univers. Mais n’est-ce pas un peu voyeur ?
Et lorsque j’étais au Mexique, en observant le comportant des Mexicains à notre égard, j’ai vu deux tendances : la première, les gens nous ignoraient. Tout simplement. Est-ce par lassitude de voir des touristes ? Ou bien parce que sincèrement, ils avaient d’autres chats à fouetter ? La seconde, les nous prenaient pour des portefeuilles sur pattes et nous achalandaient à chaque coin de rue.
Car cet autre, souvent, il ne voyage pas. Il ne faut pas oublier que seule 3,5% de la population voyage ! Et si encore ces 3,5% se contentaient de voyager dans leur propre pays ou dans les autres pays occidentaux. Mais non. Ces 3,5% voyagent partout dans le monde, et surtout dans les pays peu développé ou plus franchement, pauvre. Ces voyages coûtent moins. Pourquoi passer deux semaines au États-Unis quand on peut passer le triple de temps en Inde ? Sauf que l’autre, il ne voyage pas lui. Il ne peut pas.
Le voyage est liaison avec des grandeurs qui nous minent et nous traversent, nous sortent en dehors de nous-mêmes pour mieux nous y reconduire, pus universels. Ce voyage-ci refuse la réduction des espèces, humaines et non humaines., à l’état d’animateur de supermarchés. Le monde ne doit pas devenir un magasin organisé pour la satisfaction d’un consommateur généralisé. – Manuel de l’antitourisme (p 69).
Rien ne doit nous empêcher de voyager. Mais c’est à chacun de prendre conscience de son empreinte – humain et polluant – lors de chaque voyage.
10 Comments
J’aime beaucoup ton article. Bizarrement, il y a peu de pays “lointains” que j’ai vraiment voulu visiter; hormis le Canada sans doute. Tant mieux, je ne désire pas prendre l’avion 🙂 De part ma (faible) expérience dans le domaine et mes moyens limités, pour moi un voyage c’est un sac à dos bien rempli, de longues heures de transports (car, ferry, train), dormir dans ces mêmes transports (parce que c’est long, et parce que ça économise une nuit en auberge), marcher beaucoup en ville comme en campagne. J’adore ça. J’adore être épuisée à cause de longues marches/trajets. J’adore découvrir un lieu inattendu parce-que je me suis perdue. J’adore ressentir des sensations nouvelles, être sans mots à la vue d’un paysage – simple. J’adore aller dans un lieu moins touristique et gratuit, et découvrir des merveilles. Avoir l’impression que je vais exploser à cause de toutes ces sensations différentes qui se bousculent en moi.
C’est par défaut que j’ai fait des voyages “étudiante fauchée en sac à dos” mais au final j’en suis vraiment contente et je ne m’imagine pas vraiment faire autrement. Ça me satisfait, c’est moi.
Et c’est finalement dans avec un budget limité qu’on fait les plus beaux voyages. Pas besoin de dépenser des fortunes pour voir de belles choses. Et puis les longs trajets… je crois bien que ça fait partie du voyage ! Pour ma part, je suis toujours très excitée quand je prends le train, le bus ou l’avion. Je sais que je vais loin et que je vais voir quelque chose de nouveau ou qui va casser ma routine ! Même si c’est pour aller à 2h de chez moi 😉
Ne pas rester allonger toute la journée sur une serviette de plage quand on va à l’autre bout du monde, je pourrais difficilement ne pas être d’accord. Ça a toujours été un peu un mystère pour moi, pourquoi aller à Cancun quand on est européen, il doit bien y avoir des plages très bien plus proches.
Par contre, bouger tous les jours n’est pas trop non plus dans ma philosophie de voyage. J’ai alors l’impression d’avoir vu les trucs à voir mais d’avoir juste effleuré la surface. Quand je me plais quelque part, je reste un peu pour m’imprégner du lieu. Si je n’aime pas, je bouge …
Bouger tous les jours, c’est vrai que cela dépend du voyage. Dans une ville, on peut aisément rester plusieurs jours pour visiter et voir les alentours. Mais par exemple, lorsque j’étais au Mexique, on changer d’endroit tous les jours ou tous les deux/trois jours car dans certains endroits, il n’y avait qu’une seule chose à faire/voir. Donc ça dépend aussi… Pis on était limité dans le temps il faut dire… 15 jours c’est peu !
Je pense comme toi même partir à 2h de chez moi cela et déjà le voyage, partir, bouger, pour ne pas sentir la routine , la plus belle chose voir le monde les gens faire des rencontre , profite bien le temps passe vite……………..
Merci ! 😉 On est un peu tous pareil alors. Faudrait trouver un moyen de ne pas tomber dans la routine mais c’est dur quand on travail…
Je me voyais avant comme une personne écolo, et même si je n’ai pas de voiture et que je ne suis pas du genre à acheter n’importe quoi n’importe comment, les voyages en avion me font dire que je ne suis pas mieux que les autres.
Que l’on fasse du all inclusive comme les canadiens ou les russes, notre voyage hors des sentiers battus reste polluant. La seule chose que l’on peut faire c’est limité la casse ! En faisant du stop, en voyageant en vélo, mais éviter l’avion, c’est plus dur ! 😉
L’avion c’est tout de même difficile à éviter pour les long voyage. On va pas aller sur l’île de Pâques en pédalo quand même. Mais comme tu dis, on peut toujours faire du stop ou voyager à vélo quand on peut. C’est déjà pas mal. Quoiqu’on fasse, on laisse toujours une empreinte polluante de toute manière. A nous de limiter les dégâts. Peut-être qu’un jour les avions voleront à l’huile de frites ! ahah (avec tous les MacDo du monde, cela pourrait bien être possible).
Je ne pense pas que ce soit un effet de mode de voyager en dehors des sentiers battues. Pour ma part, dès lors que je suis à la ville je ne considère plus que je suis en voyage mais en pause 🙂
Je comprends que l’on puisse se rendre à l’autre bout du monde pour autre chose que voyager. En quatrième position de la pyramide de Maslow tu as “Besoin d’estime” et en cinquième position “Besoin de s’accomplir”…
Heureusement que la majorité des gens se situe dans la première catégorie, car si c’était bondé aussi en dehors des sentiers battues, il n’y aurait plus aucun intérêt à voyager. A quoi bon aller à l’autre bout du monde pour rencontrer son voisin et par conséquent des locaux peu disposés à l’échange autre que commercial ?
En tous les cas, le bivouac perché dans l’arbre donne envie 🙂